Page:Reid, À fond de cale, 1868.djvu/291

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des plus désagréables, me causait le vertige et me saisissait d’épouvante.

Elle devint moins pénible à mesure que je repris mes sens, et finit par se dissiper tout à fait dès que je fus complétement réveillé. Mais il me resta une affreuse douleur de tête, et des nausées qui menaçaient de me faire vomir. Ce n’était pas la mer qui me faisait mal ; j’y étais maintenant habitué ; je supportais, sans m’en apercevoir, le roulis ordinaire du vaisseau.

Était-ce la fièvre qui m’avait saisi brusquement, ou m’étais-je évanoui par défaillance ? Mais j’avais éprouvé l’un et l’autre, et cela ne ressemblait en rien à la sensation qui me dominait.

Je me demandais, sans pouvoir me répondre, ce qui avait pu me mettre dans un pareil état, lorsque la vérité se révéla tout à coup.

N’allez pas croire que j’avais bu de l’eau-de-vie ; je n’y avais même pas goûté. Il était possible qu’il m’en fût entré dans la bouche au moment où elle avait jailli de la futaille ; mais cette quantité n’aurait pas suffi pour m’enivrer, quand même il se fut agi d’une liqueur beaucoup plus pure que celle dont il est question. Ce n’était pas cela qui m’avait grisé ; qu’est-ce que cela pouvait être ? Je n’avais jamais ressenti de pareils symptômes ; mais je les avais remarqués chez les autres, et j’étais bien certain d’avoir éprouvé tous les phénomènes de l’ivresse.