Page:Reid, À fond de cale, 1868.djvu/339

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Il n’en fallut pas davantage pour rendre à mon esprit toute son activité, et je ne pensai plus qu’à remmancher mon couteau.

Sous l’empire des circonstances qui tenaient toutes mes facultés en éveil, j’eus bientôt une idée ; l’exécution en fut rapide, et, quelques heures après l’incident qui m’avait mis au désespoir, j’étais en possession d’un couteau complet, dont le manche était grossier, je l’avoue, mais qui n’en était pas moins commode ; et j’avais retrouvé toute ma confiance.

Comment aviez-vous fait ? direz-vous. Ce fut bien simple : toutes ces caisses que j’avais démolies, et dont les planches avaient deux ou trois centimètres d’épaisseur, me fournissaient les matériaux nécessaires. Je pris l’un des éclats de bois qui m’entouraient, et lui donnai la dimension, et à peu près la forme que devait avoir mon manche ; la lame, garnie d’étoffe à la base, comme je l’ai dit plus haut, avait suffi à ce léger ouvrage ; une fois le manche terminé, j’avais pratiqué une fente à l’extrémité supérieure, et j’y avais enfoncé ma lame. Il ne restait plus qu’à l’attacher solidement ; je pensais d’abord à la ficelle que vous savez, mais je changeai bientôt d’avis. Cette ficelle pouvait se desserrer, se trancher ou se défaire, la lame sortir du manche, et tomber entre les colis, où elle serait perdue sans retour ; c’était un accident trop grave pour que je ne prisse pas le moyen de l’éviter.