Page:Reid, À fond de cale, 1868.djvu/40

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j’allai les prendre, comme je faisais toujours, sans avoir besoin d’en demander la permission, que j’avais une fois pour toutes.

Revenu à mon batelet, je plaçai mes rames, je m’installai sur mon banc, et je fis en sorte de m’éloigner du rivage. L’esquif répondit à mon premier effort et glissa vivement à la surface de l’eau, dont il fendit les ondes avec autant d’aisance que l’aurait fait un poisson. Jamais mon cœur n’avait battu plus légèrement dans ma poitrine ; la mer n’était pas seulement brillante et bleue, mais aussi paisible qu’un lac ; à peine si elle offrait une ride, et sa transparence était si merveilleuse que je voyais les poissons batifoler à plusieurs brasses[1] de profondeur.

Le fond de la mer est, dans notre baie, d’un blanc pur, avec des reflets argentés, sur lequel se détachent les objets les plus minces, et je distinguais parfaitement de petits crabes, à peine aussi larges qu’une pièce d’or, qui se poursuivaient les uns les autres, ou qui couraient sur le sable, afin d’y trouver les menues créatures dont ils voulaient déjeuner. Puis c’étaient de larges plies, de grands

  1. La brasse est une ancienne mesure calculée d’après la longueur des bras d’un homme ; elle n’est plus en usage que dans la marine, où l’on s’en sert pour indiquer la profondeur des eaux, les divisions de la ligne de sonde, la longueur des câbles, etc. Elle vaut, en France, un mètre soixante-deux centimètres ; dans les autres pays elle est un peu plus longue. (Note du traduct.)