Page:Reid, À fond de cale, 1868.djvu/69

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Toutefois je ne pensais pas rester sur cet écueil assez longtemps pour y mourir de faim. J’espérais qu’Henry, ne voyant pas revenir le canot, finirait par se mettre à ma recherche. À vrai dire, il ne rentrerait que le soir, et ne s’apercevrait de l’absence de son bateau qu’à la nuit close. Mais il saurait bien qui l’avait pris ; j’étais le seul du village qui eût le privilége de s’en servir ; dans son inquiétude Henry Blou irait jusqu’à la ferme, et ne me trouvant pas chez mon oncle, il était probable qu’il devinerait mon aventure, et saurait me retrouver.

Cette pensée me rendit toute ma confiance, et dès qu’elle se fut emparée de mon esprit, je fus beaucoup moins troublé du péril de ma situation que du dommage dont mon imprudence avait été la cause. Je pâlissais rien que d’y songer : comment regarder en face mon ami Blou ? Comment réparer la perte que j’avais faite ! La chose était sérieuse ; je ne possédais pas un farthing, et mon oncle payerait-il le canot ? J’avais bien peur que non. Il fallait pourtant qu’on dédommageât le batelier de cette perte considérable ; comment faire ? Si mon oncle, pensais-je, voulait seulement me permettre de travailler pour Henry, je m’acquitterais de cette façon ; mon ami Blou me retiendrait tant par semaine jusqu’à ce que le bateau fût payé, en supposant qu’il eût quelque chose à me faire faire.

Je me mis à calculer approximativement ce que