Page:Reid, À fond de cale, 1868.djvu/70

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devait coûter un canot pareil à celui que j’avais perdu, et combien il me faudrait de temps pour me libérer de ma dette. Quant au reste, je ne pensais pas que ma vie fût en péril. Je m’attendais, il est vrai, à souffrir de la faim et du froid, à être plus ou moins mouillé, car je savais qu’à une certaine heure, la mer couvrait l’écueil ; et il était certain que je passerais la nuit dans l’eau.

Mais quelle serait sa profondeur ?

En aurais-je jusqu’aux genoux ?

Je cherchai un indice qui pût me faire découvrir quelle était la hauteur des marées ordinaires. Je savais que le rocher disparaissait entièrement ; on voyait du rivage les flots rouler sur lui ; mais j’étais persuadé avec beaucoup d’autres, que la mer le recouvrait seulement d’un ou deux décimètres.

Je ne vis rien tout d’abord qui pût me renseigner sur ce que je voulais savoir ; à la fin cependant mes yeux rencontrèrent le poteau qui supportait le signal ; et je me dirigeai vers lui, bien certain d’y trouver ce que je cherchais ; on y voyait une ligne circulaire, peinte en blanc, qui était sans doute une ligne d’eau ; jugez de ma terreur quand je découvris que cette ligne était à deux mètres au-dessus du roc.

Rendu à demi fou par cette découverte, je m’approchai du poteau, et levai les yeux ; hélas ! je ne m’étais pas trompé ; la ligne blanche était bien loin