Page:Reid, À fond de cale, 1868.djvu/86

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Elle avait heureusement une belle rangée de boutons, solidement attachés ; non pas de ces petits brimborions de corne, de plomb ou d’os comme vous en avez aujourd’hui, mais de gros boutons en fer, aussi grands, aussi épais qu’un shilling, et dont la résistance était à toute épreuve.

Il n’était pas moins heureux que j’eusse repris mes habits. Vous vous rappelez qu’avant de me mettre à la nage pour rejoindre le canot, j’avais jeté bas veste et culotte ; mais à mon retour, le vent devenu plus frais, m’avait obligé de me revêtir, et je m’en félicitais ; sans cela, ma veste aurait été perdue, et alors….

« Mais que vouliez-vous en faire ? dira-t-on. Pensiez-vous à la déchirer, à vous servir de ses lambeaux en guise de corde ? » Pas du tout : il m’aurait été bien difficile d’exécuter ce projet. En supposant que j’aie pu déchirer ma vareuse, comment en aurais-je assemblé les morceaux ! Je n’avais qu’une main de libre, et la mer était si mauvaise qu’elle ne m’aurait pas permis d’accomplir cette longue opération. D’ailleurs, il m’aurait été impossible de me dépouiller de ma veste, dont l’étoffe adhérait à ma peau comme si on l’y eût collée. Je ne pensai pas un instant à la défaire ; je me contentai de l’ouvrir, de me serrer contre le poteau, d’y enfermer celui-ci, et de la reboutonner complétement.

Par bonheur, on avait prévu que je grossirais, et