Page:Reid, À fond de cale, 1868.djvu/87

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ma vareuse était assez ample pour contenir deux personnes comme la mienne. Je me souviens d’en avoir été peu satisfait la première fois que je l’endossai, ne me doutant pas du service qu’elle me rendrait plus tard.

Quand elle fut boutonnée, j’eus un moment de répit ; c’était le premier depuis bien longtemps. Je n’avais plus à craindre d’être arraché du poteau ; je faisais partie de lui-même aussi bien que la futaille dont il était couronné, mieux encore ; et je ne pouvais être emporté par les vagues que si, auparavant, elles le descellaient d’entre les rocs.

Il est certain que s’il m’avait suffi de tenir ferme au poteau pour être hors de péril, j’avais lieu de me réjouir ; mais, hélas ! je ne tardai pas à comprendre que tout danger n’était pas fini pour moi. Une lame énorme vint se briser sur le récif et me passa par-dessus la tête ; je voulus me hisser plus haut, pour éviter les autres, impossible ; j’étais trop bien fixé pour changer de place, et le résultat de ces immersions successives était facile à prévoir : je serais bientôt suffoqué, je lâcherais prise et je glisserais jusqu’en bas du poteau, où ma mort était certaine.