Page:Reid - Aventures de terre et de mer, Hetzel, 1891.djvu/634

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Aussitôt j’appliquai mes lèvres à l’orifice… (Page 42.)


épreuve ; mais je n’ai jamais été un enfant téméraire, et à cette heure lugubre, je sentis plus que jamais la nécessité d’agir avec prudence et précaution.

Je savais que la mort, une mort horrible, m’attendait si je ne parvenais pas à forer le tonneau ; si donc il m’arrivait de briser la lame ou seulement de l’épointer, c’en était fait de moi. Il est vrai que, si j’avais réfléchi davantage, je n’aurais pas pris tant de précautions, car, à supposer que j’obtinsse de l’eau, j’apaiserais ma soif, sans doute, mais comment satisfaire ma faim ? L’eau ne suffit pas pour vivre, et où trouver des aliments ?

C’est singulier, mais sur le moment cette idée ne me vint pas. Je n’avais pas faim ; l’agonie que me causait la soif bannissait de mon esprit toute autre préoccupation. Le danger le plus proche, de mourir de soif, m’empêchait d’entrevoir le péril plus éloigné de mourir de faim. Il est donc certain que, si j’avais réfléchi, j’aurais procédé avec moins de prudence. Heureusement je ne réfléchis pas et je commençai méthodiquement l’opération.

Je choisis, un peu au-dessous du centre de la futaille, un endroit où l’une des douves paraissait endommagée et par suite un peu humide. Il fallait, en effet, que je fisse le trou au-dessous du niveau de l’eau, sous peine d’avoir à recommencer, et il se pouvait que le tonneau fut seulement à moitié plein.