Page:Reid - Aventures de terre et de mer, Hetzel, 1891.djvu/635

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Je réussis à abaisser la planche. (Page 47.)


L’endroit choisi, je me mis à l’œuvre et vis avec satisfaction que l’épaisse douve se perforait assez vite. Le couteau manœuvrait si bien que le chêne, malgré sa dureté, cédait à l’acier encore plus dur de la lame.

Je travaillai ainsi plus d’une heure dans les ténèbres ; mais j’étais déjà si familiarisé avec l’obscurité que je n’éprouvais plus ce sentiment d’impuissance qu’on ressent d’habitude quand on y est subitement plongé. Naturellement je n’allais pas si vite qu’un charpentier avec son ciseau ou un tonnelier avec son vilebrequin, mais quoique mes progrès fussent lents, la douve n’ayant pas plus d’un pouce d’épaisseur, je ne pouvais manquer de la transpercer bientôt.

J’aurais eu bien plus tôt fini sans la crainte de briser la lame. Je me souvenais du proverbe : « Plus on se presse, moins on avance, » et je maniais le précieux outil avec soin Quand je jugeai, par la profondeur du trou, que j’approchais de la face interne de la douve, ma main trembla et mon cœur battit bien fort. Ce fut un moment de vive émotion. Un doute affreux vint soudain me traverser l’esprit, un doute que j’avais déjà éprouvé, mais jamais aussi intense qu’en ce moment. Était-ce bien de l’eau que j’allais trouver ? Ô ciel ! si au lieu d’eau c’était du rhum, de l’eau-de-vie ou même du vin !… Je savais qu’aucun de ces liquides ne suffirait à éteindre ma soif dévorante. Calmée pour un instant, elle