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LE CHEVAL SAUVAGE.

ment ne pas saisir cette occasion peut-être unique de savoir enfin ce qu’il en était ? Le porteur du billet était d’ailleurs tout prêt à me servir de guide.

Une demi-heure après, en compagnie du gardeur de troupeaux et d’une douzaine de mes chasseurs, je passai le fleuve et je m’enfonçai dans les profondeurs de la forêt qui s’étendait sur l’autre rive.

Mon escorte se composait de gens qui avaient une longue expérience de la chasse. J’avais toute confiance en eux, je ne doutais pas un instant de leur habileté et j’espérais bien trouver avec leur aide la piste que nous cherchions. Une fois ce résultat acquis, je comptais, pour faire ma capture, sur la rapidité de ma jument, qui avait fait ses preuves, et sur ma dextérité à manœuvrer le lasso.

Tandis que nous poussions en avant, je communiquai à mes compagnons l’objet de mon expédition. Presque tous connaissaient le Cheval blanc par ouï-dire ; quelques-uns croyaient bien l’avoir déjà vu dans la prairie ; tous indistinctement se réjouissaient d’avance des émotions que devait leur réserver une chasse si aventureuse.

Nous eûmes d’abord à passer entre d’épaisses broussailles, que les lianes, les épines et les ronces rendaient presque impraticables. Mais plus loin l’aspect changea et la marche devint plus commode. Les fourrés étaient plus rares, les éclaircies plus grandes, et les trouées si rapprochées qu’elles se succédaient presque sans interruption.

Nous avions fait une traite d’à peu près dix milles sans halte, lorsque nous tombâmes sur la piste que cherchait notre guide. Nous la suivîmes quelque temps, et bientôt nous eûmes en vue le troupeau de mustangs.

Jusque-là, le succès de notre entreprise répondait à nos plus téméraires espérances. Mais voir une horde