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Page:Reid - Le Cheval sauvage, 1888.djvu/14

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LE CHEVAL SAUVAGE.

ger à se montrer. Il suffisait d’effaroucher les autres cavales, dont les hennissements ne tarderaient pas à l’appeler.

Ce plan ne pouvait toutefois être mis à exécution qu’à la condition de cerner le troupeau, car nous avions à craindre qu’il ne partit tout entier au galop, dans une direction opposée. Nous nous mîmes donc, sans perdre un instant, à former le cordon autour de la pampa. La forêt nous servit à merveille pour dérober nos mouvements ; et, au bout d’une demi-heure, l’investissement de la prairie était accompli.

Les chevaux sauvages continuaient à paître et à s’ébattre sans se douter qu’ils étaient emprisonnés dans une ceinture et gardés à vue par des chasseurs déterminés. S’ils en avaient eu le moindre soupçon, ils nous auraient depuis longtemps échappé, en dépit de toutes nos précautions. Le cheval sauvage est de tous les animaux qui vivent en liberté le plus prompt à s’effrayer. Le cerf, l’antilope, le buffle redoutent beaucoup moins que lui l’approche de l’homme. Le mustang semble connaître et prévoir le sort qui l’attend, une fois qu’il tombe au pouvoir de son dompteur. On serait presque tenté de croire que ceux qui parviennent à s’échapper des plantations et à rejoindre leurs compagnons nomades et indépendants, leur ont fait le tableau des souffrances et des ennuis qui accompagnent la domestication.

Je m’étais moi-même, sans descendre de selle, transporté à l’autre bout de la prairie, en me chargeant, dès que le cercle aurait été fermé, de sonner du cor pour épouvanter le troupeau. J’avais porté le cor à mes lèvres et m’apprêtai à donner le signal, lorsqu’un cri perçant poussé derrière moi paralysa en quelque sorte mon bras. Je me retournai vivement. Je me demandai avec stupéfaction d’où venait ce cri, tant il était étrange, quand il frappa pour la seconde fois