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Page:Reid - Le Cheval sauvage, 1888.djvu/15

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Le Cheval sauvage

mon oreille. Je le reconnus alors : c’était le hennissement du Cheval blanc de la prairie !

Tout près de moi, il y avait une clairière étroite, une sorte d’allée qui conduisait à une autre prairie. J’y entendais distinctement le frappement des sabots d’un cheval lancé au galop. Je courus aussi vite que me le permettaient les gaulis et j’atteignis presque aussitôt le bord de l’éclaircie. Mais le soleil, qui dardait en ce moment d’aplomb, m’éblouit au point de m’aveugler. Je fus hors d’état de rien voir. Cependant, je continuais à entendre le bruit retentissant des sabots et le hennissement perçant. Je me fis alors une visière de la main et je parvins à distinguer ce qui se passait à proximité de moi : un magnifique étalon redescendait au grand galop l’allée et se dirigeait vers le troupeau. C’était bien le Cheval blanc de la prairie. La majesté de son port ne me laissait aucun doute à cet égard. Il avait le poil d’un blanc de neige, les oreilles noires, les naseaux rouges et saillants, les paturons larges, les jarrets nerveux, les jambes fines, élancées. Il volait comme une flèche, ne prenant pas un temps d’arrêt, et galopant tout droit vers le troupeau, qui se mit en mouvement dès qu’il parut, comme obéissant à un signal. Toute ruse de notre part était maintenant inutile. L’alarme était donnée. C’était à notre agilité et à nos lassos de décider de l’issue de la lutte. Dans cette conviction, j’éperonnai ma jument et je m’élançai dans la plaine. Le hennissement de l’étalon avait averti mes compagnons. Tous bondirent en même temps hors du bois et se précipitèrent à la poursuite du troupeau en poussant de grands cris.

Je n’avais d’yeux que pour le Cheval blanc. Je le suivais ventre à terre. De temps à autre, en se rapprochant des cavales, il ralentissait sa course frénétique, se cabrait deux ou trois fois comme pour les animer d’une nouvelle ardeur, puis reprenait son élan avec un