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II

LA CHASSE


Ma vaillante jument montra bientôt sa supériorité sur les chevaux que montaient mes compagnons. Je les dépassais l’un après l’autre, et quand nous fûmes sortis de l’allée pour arriver dans l’autre prairie, je me trouvais déjà tout proche des derniers mustangs. Quelques-uns étaient de superbes créatures, et j’aurais certainement, en toute autre circonstance, été tenté de leur jeter le lasso ; mais je ne m’occupais en ce moment que de les repousser parce qu’ils me barraient le chemin. Ils n’avaient pas encore franchi toute l’étendue de la seconde prairie, que j’étais déjà parvenu au premier rang. Les mustangs, se voyant atteints, se jetèrent à droite et à gauche, fuyant dans toutes les directions. Un moment après, je n’avais plus devant moi que l’étalon blanc qui me distançait de plusieurs longueurs, en jetant de temps à autre son hennissement strident, comme pour me défier et me railler.

Ma jument n’avait besoin ni de l’éperon ni de la bride. Elle avait le sentiment de ce que j’attendais d’elle. Très intelligente, elle voyait le but de sa poursuite, et devinait la volonté de son cavalier. Je la sentais se soulever sous moi comme eût fait une vague de la mer ; ses pieds touchaient l’herbe, mais ne faisaient que l’effleurer sans s’y enfoncer, et à chaque