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LE CHEVAL SAUVAGE.

obstacle elle redoublait d’énergie. Lorsque nous fûmes arrivés au bout de la seconde prairie, la distance qui me séparait du Cheval blanc était déjà bien moins grande ; mais alors, tout à coup, je le vis s’élancer dans un fourré.

J’étais cruellement désappointé. Cependant je trouvai presque aussitôt un sentier, et je poursuivis ma course. Mon oreille me servait de guide, car le mustang faisait craquer les gaulis en poussant plus avant. De temps en temps, j’apercevais sa robe blanche qui se détachait sur le fond vert du feuillage.

Craignant de le perdre de vue, j’avais jeté à ma jument la bride sur le cou, allant, allant toujours, tantôt pénétrant dans le fourré, tantôt suivant les sinuosités d’une espèce de sentier. Je ne m’inquiétais guère des épines et des ronces, et ma jument semblait n’en avoir pas plus de souci que moi. Souvent un grand arbre nous barrait le chemin ou nous embarrassait par l’envergure de ses branches. Parfois, j’étais obligé, pour passer dessous et ne pas avoir le sort d’Absalon, de m’étendre de mon long sur la selle et la croupe de ma monture. Le mustang en profitait pour reprendre de l’avance et pour se rire de moi en faisant éclater son hennissement.

J’étais impatient de me trouver dans la plaine ouverte. Mon vœu fut bientôt exaucé, à ma grande satisfaction. Nous entrâmes dans une prairie entrecoupée d’îlots de bois. Le Cheval blanc y chercha un refuge. Il avait maintenant sur moi un avantage considérable, car les obstacles que j’avais eu à surmonter dans le fourré m’avaient beaucoup retardé, et il était à présent loin de moi.

Dix minutes après, nous avions dépassé les îlots boisés. Autour de nous s’étendait la prairie nue à perte de vue. La chasse continua sur ce terrain uni. Bientôt tous les arbres eurent disparu à nos regards, et l’œil