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Page:Reid - Le Cheval sauvage, 1888.djvu/23

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III

LA FONDRIÈRE


Je n’ai jamais été enclin à la superstition ; et pourtant, au moment où le Cheval blanc de la prairie s’évanouit littéralement, je ne pus m’empêcher de croire aux sorciers et aux fantômes. Je ne voyais aucune cause naturelle qui pût expliquer la mystérieuse et soudaine disparition du mustang. En revanche, je me rappelais d’un coup toutes les histoires de chasseurs et de trappeurs où le Cheval blanc jouait un rôle de spectre. Jusqu’alors je m’étais moqué de la crédulité des narrateurs ; mais, à présent, j’étais tout prêt à ajouter foi à leurs récits merveilleux. Ou bien étais-je victime d’une hallucination ? Tout ce qui s’était passé depuis le matin, la lettre de Manuel, la chasse aux mustangs, la poursuite de l’étalon, cette longue course effrénée, tout cela n’était-il qu’un songe ? J’allais, pendant quelques secondes, jusqu’à me persuader que j’avais été dupe en effet d’un rêve ; mais je repris aussitôt conscience de moi-même, de mes actes, des faits accomplis : j’étais bien en selle, j’avais bien sous moi ma jument frémissante et en nage ; je ma souvenais bien nettement de tous les incidents de la chasse ; je ne pouvais pas mettre en doute que j’avais vu le Cheval blanc, de mes yeux vu, et il m’était impossible de nier sa disparition soudaine.