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Page:Reid - Le Cheval sauvage, 1888.djvu/28

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LE CHEVAL SAUVAGE.

Rester, soit. Mais comment ? J’étais tiraillé par la faim et, ce qui était pis, je mourais de soif. Il n’y avait pas une goutte d’eau dans le voisinage et je n’en avais pas vu sur tout un parcours de vingt milles. La course m’avait épuisé, et ma pauvre jument était dans le même état que moi.

Je considérai le lit de la ravine et l’interrogeai des yeux aussi loin que ma vue pût porter. Il était aussi desséché que la prairie, quoiqu’il fût évident qu’il eût été jadis creusé par un torrent.

Après quelque réflexion, je me dis que peut-être en longeant la ravine je finirais par trouver de l’eau. Il était certain, d’ailleurs, que si je devais en rencontrer quelque part, ce ne pouvait être que dans cette direction.

J’avais mis pied à terre. Je remontai en selle et poussai ma jument jusqu’au bord de l’excavation, que nous suivîmes en dévalant. Le gouffre s’élargissait de plus en plus, jusqu’à ce que, à un mille de l’endroit où je l’avais d’abord aperçu, il mesurât une largeur d’au moins cinquante pieds, quoique ses parois conservassent toujours le même escarpement.

Le soleil touchait en ce moment le bord de l’horizon, et le crépuscule devait apparemment être de peu de durée. Je ne pouvais traverser la plaine dans l’obscurité, car j’aurais risqué de me jeter avec la jument dans le gouffre ou de la faire tomber dans quelqu’un des sillons plus ou moins profonds qui formaient comme des canaux latéraux de la barranca.

Enfin, la nuit tomba presque d’un coup sur la prairie, et je fus contraint de songer à faire halte sans avoir trouvé de l’eau. J’étais sûr, en outre, de passer les longues heures de cette nuit sans la moindre distraction. Et cette certitude m’épouvantait encore plus que tout le reste.

Je poussai toutefois encore un peu plus loin, et je