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Page:Reid - Le Cheval sauvage, 1888.djvu/31

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IV

ÉGARÉ


Contrairement à mon attente, je dormis paisiblement. Je ne m’éveillai que lorsque le soleil était déjà levé et montait dans un ciel bleu sans nuages. L’eau de pluie s’était amassée en abondance dans les creux de la prairie. Je pouvais maintenant étancher ma soif et laisser ma jument s’abreuver. Mais alors se renouvelèrent les tiraillements de la faim. Je n’avais rien mangé depuis la veille au matin, et mon dernier déjeuner, très frugal, s’était réduit à une tasse de chocolat et deux cuillerées de confiture. Un homme qui n’a pas l’habitude de faire de longs jeûnes a déjà, dès le premier jour d’abstinence forcée, une notion des tourments de la faim. Ces tourments augmentent le second jour, et le troisième ils ont atteint leur maximum d’intensité. Le quatrième et le cinquième jour, le corps s’affaiblit, le cerveau commence à souffrir, tandis que les maux de la faim proprement dite diminuent. Ces remarques ne s’appliquent naturellement qu’à ceux qui ne sont pas accoutumés à des jeûnes prolongés. J’ai connu des personnes qui pouvaient s’abstenir de toute nourriture pendant six jours et ressentaient les effets de cette privation beaucoup moins que d’autres qui n’avaient jeûné que vingt-quatre heures. À cette