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Page:Reid - Le Cheval sauvage, 1888.djvu/32

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LE CHEVAL SAUVAGE.

catégorie de jeûneurs appartiennent notamment les trappeurs et les chasseurs des prairies.

À peine debout, ma grande préoccupation et mon soin presque unique furent de chercher à me procurer quelque aliment. Je suivais la plaine dans toutes les directions. Mon regard ne rencontra rien : aucun être vivant, aucun corps mort. Je n’avais sous mes yeux que ma jument qui paissait tranquillement et que je plaignais beaucoup moins que je ne l’enviais, en voyant le bon repas qu’elle faisait. J’allai jusqu’au bord du gouffre et y laissai plonger mes yeux. Il avait ici plus de cent pieds de profondeur et à peu près la même largeur. Ses parois étaient moins raides, car les rochers qui les constituaient s’étaient effondrés et lui avaient fait une espèce de rive en pente qu’un piéton pouvait descendre pour se hisser sur l’autre bord ; mais pour un cheval ce sentier n’était pas praticable.

J’avais emporté mon fusil, dans l’espoir de découvrir quelque animal vivant ; mais, après avoir marché assez loin dans le sable, je renonçai à cette recherche. Il me fut impossible de tomber sur la moindre trace d’un quadrupède ou d’un oiseau, et je retournai tout déconcerté à l’endroit où je m’étais couché.

J’arrachai le piquet auquel était attachée ma jument, je la sellai et je délibérai sur ce que j’avais à faire. Retourner au village où j’étais en garnison, c’était évident ; mais ce point résolu, il restait un autre problème plus difficile et dont la solution m’avait déjà embarrassé la veille : comment retrouver le chemin ? Mon projet de suivre, en rétrogradant, ma propre piste n’était plus exécutable, car la pluie avait fait disparaître cette piste. Je me souvins alors que j’avais traversé une vaste étendue de terrain léger et sablonneux où les fers de ma jument n’avaient dû laisser qu’une très faible empreinte, naturellement effacée par la pluie persistante de la nuit. Je n’avais d’abord pas fait