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V

UN REPAS DANS LA PRAIRIE


À ce moment, ma vue fut attirée par des objets que je n’avais pas aperçus jusqu’alors. C’étaient des animaux ; mais il aurait été impossible de dire à quelle espèce ils appartenaient. Il y a des heures et des époques où dans la prairie la forme et la grandeur des choses prennent un aspect, des proportions qui trompent : un loup paraît avoir la taille d’un cheval, et un corbeau perché sur une éminence de terrain peut se confondre aisément avec un buffle. Ces grandissements sont dus à des conditions particulières de l’atmosphère, et il n’y a que l’œil exercé du chasseur qui puisse, par une entente exacte des rapports du mirage à la réalité, ramener les objets à leurs dimensions véritables.

Ceux que j’avais remarqués étaient au moins à trois milles de distance de l’endroit où je me trouvais, dans la direction du lac, et par conséquent de l’autre côté du gouffre. Ils m’apparaissaient, au nombre de cinq, comme autant de fantômes qui se mouvaient à l’horizon. Un moment, mon attention fut détournée d’eux, je ne me rappelle plus pourquoi. Lorsque mon regard les chercha de nouveau, il ne les trouva plus ; mais, au bord du lac, à une distance d’environ six cents pas, il découvrit cinq magnifiques antilopes. Elles