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VI

L’OURS GRIS


L’ours qui venait de faire son apparition soudaine était un des plus gros de son espèce. Ce n’était pas la première fois que je faisais la rencontre d’un de ces animaux, dont les mœurs m’étaient connues parfaitement. Je n’étais pas surpris de le trouver ici. L’ours des pampas est assez abondant à l’ouest de l’Amérique espagnole, et choisit de préférence pour séjour les creux des arbres. Plus rarement, il vit en nomade dans la prairie, pousse à l’est et pénètre jusqu’aux environs du Mississipi. L’animal que j’avais devant moi avait la fourrure d’un rouge jaunâtre, les jambes et les pattes noires ; mais cette couleur n’est pas commune à tous les ours généralement appelés gris, car ils varient de l’un à l’autre sous le rapport de la nuance. Ce qui les caractérise plus spécialement, c’est la longueur du poil très fourni, le front droit, la tête large, les yeux jaunes, les grandes et fortes dents à peine à demi couvertes par les lèvres, les pattes longues et recourbées.

Lorsque mes yeux tombèrent sur le monstre, il venait de sortir du gouffre, et c’étaient ses traces que j’avais remarquées en escaladant la paroi.

Arrivé dans la prairie, l’ours fit quelques pas en avant pour s’arrêter, se dressa sur ses pattes de derrière et aspira fortement l’air en poussant un rugisse-