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IX

LE PLATEAU


Je m’endormis bientôt et je ne me réveillai que vers minuit. Le froid s’était considérablement accru, mais j’étais bien emmailloté dans ma couverture, et la peau de buffle tendue derrière moi contribuait à m’abriter. En rouvrant les yeux, je me sentis réconforté. Le feu était éteint. Très probablement les deux trappeurs avaient jugé bon de prendre cette précaution pour ne pas attirer par ses lueurs les Indiens qui rôdaient aux alentours. La nuit était sereine. Je voyais distinctement mes deux compagnons et les quatre chevaux qui paissaient. Garey dormait. Je m’adressai à Ruben qui faisait la garde et était assis près de moi.

— Comment se fait-il, lui demandai-je, que vous m’ayez trouvé ?

— Nous avons suivi votre piste.

— Depuis où ?

— Bill et moi nous étions campés dans l’un des îlots du bois quand nous vous vîmes passer au galop derrière le Cheval blanc, comme si vous aviez eu tous les diables d’enfer à vos trousses. Je vous reconnus du premier coup d’œil, et Bill me dit : « Voilà l’Américain qui m’a sauvé la vie dans la montagne. » Je voyais que vous aviez une bonne monture, mais je savais aussi que vous donniez la chasse au plus rapide des mus-