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LE CHEVAL SAUVAGE.

tangs de toute la prairie, et je dis à Bill : « Ils en ont pour un long temps de galop, et ce jeune homme pourrait finir par s’égarer à ce jeu, suivons-le. » Quand nous rentrâmes dans la prairie, vous vous étiez éclipsé, mais vous aviez laissé votre piste derrière vous. Seulement la nuit tomba avant qu’il fût possible de vous rattraper. Le lendemain matin, la pluie avait presque complètement effacé la piste, et nous mîmes plusieurs heures à la retrouver près du gouffre. Nous étions sur le point d’y descendre, quand nous aperçûmes votre jument qui détalait dans la prairie sans selle ni bride. Nous courûmes dans cette direction, et, en nous rapprochant, nous vîmes à terre quelque chose que votre brave bête semblait flairer. Ce quelque chose, c’était vous et le vieil Ephraïm qui dormiez tous les deux dans les bras l’un de l’autre, comme deux bébés au berceau. Nous crûmes d’abord que c’en était fait de vous ; mais un examen plus attentif nous convainquit que vous étiez simplement en syncope.

— Mais comment avez-vous pris le Cheval blanc ?

— Le gouffre est obstrué, barré complètement à une assez bonne distance d’ici par des roches élevées. Nous savions cela. Bill suivit la piste du mustang, lui jeta le lasso et le mena ici. Voilà, jeune homme, toute l’histoire.

— Et le Cheval blanc, dit Garey en se levant, est à vous, capitaine. Sans la course que vous lui avez fait faire et qui l’a épuisé, il n’aurait pas été possible de le prendre.

— Merci, mille fois merci, non pour le cadeau, mais pour le service impayable que vous m’avez rendu. Je vous dois la vie. Sans vous j’aurais succombé.

Tout s’expliquait. Au cours de la conversation, j’appris que les deux trappeurs avaient l’intention de prendre part à notre expédition militaire contre le