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LE CHEVAL SAUVAGE.

nègre : ces gaillards sont barbus et ils ont la peau jaune. Ce sont des Mexicains.

Cette affirmation n’était pas de nature à nous rassurer, car nous n’ignorions pas que les Mexicains nous étaient pour le moins aussi hostiles que les Comanches. Les douze cavaliers semblaient d’abord ne pas nous avoir aperçus ; mais lorsqu’ils eurent le soleil derrière eux, ils purent, sans être éblouis, nous voir parfaitement. Alors ils firent halte à leur tour et se préparèrent à l’attaque. Malgré l’inégalité du nombre, nous pouvions nous mesurer avec nos ennemis. Mes compagnons étaient de ceux dont le fusil ne ratait jamais, qui ne tiraient jamais au jugé et qui ne lâchaient la détente qu’en sachant à coup sûr où leur balle devait frapper. Je pouvais par conséquent me persuader que si les cavaliers nous attaquaient, il n’y en aurait que neuf qui se rapprocheraient de nous à une portée de pistolet, et dans cette approche il n’y avait pas de quoi nous effrayer : nous y étions préparés ; j’avais un revolver à six coups dans ma ceinture, Garey avait le sien et Ruben une paire de pistolets dont il saurait faire bon usage.

— Seize coups, et les couteaux au pis aller ! s’écria Garey avec un accent de triomphe, quand nous eûmes inspecté rapidement nos armes.

Les ennemis restaient toujours en place, et leur chef allait et venait devant leur front de bataille, comme s’il voulait, par sa harangue, leur inspirer du courage. De notre côté, nous n’étions pas restés inactifs ; nous avions attaché nos chevaux deux à deux d’un côté par la tête, de l’autre par la queue, de manière à leur faire former un carré dont le grand rubican de Garey figurait le front et dont nous occupions l’intérieur. Ainsi postés, nous n’avions plus qu’à surveiller les mouvements de nos adversaires qui ne pouvaient voir que nos têtes et nos pieds.