Page:Reid - Le Cheval sauvage, 1888.djvu/94

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
91
LE CHEVAL SAUVAGE.

Rouges. Huit des premiers, seize des derniers avaient succombé ; malheureusement mes hommes ne s’en étaient pas tirés tout à fait sains et saufs. Deux d’entre eux, atteints par les lances des Comanches, étaient tombés morts. Une douzaine environ avaient été plus ou moins grièvement blessés par les fusils des sauvages.

Les Indiens, comme l’avait fort bien reconnu Garey à leur cri de guerre, étaient en effet des Comanches, qui avaient dessein de piller une ville mexicaine de l’autre côté de Rio-Grande, à une centaine de milles de ma garnison. Leurs éclaireurs avaient aperçu les cavaliers mexicains, dont les chevaux harnachés d’argent, les uniformes et les couvertures de drap fin, les guêtres garnies de boutons d’argent et les mousquets avaient excité la convoitise des Peaux-Rouges, qui s’étaient décidés à les surprendre. Nous apprîmes tous ces détails d’un de leurs guerriers qui était tombé blessé en nos mains. Un interrogatoire plus précis le fit reconnaître pour un Mexicain capturé par une tribu indienne, à laquelle il s’était associé pour échapper au supplice que ces sauvages infligent à leurs prisonniers.

Ruben avait atteint mon village sans encombre. Il avait rapporté sommairement à mon lieutenant ce qui était arrivé et le danger que je courais. Dix minutes après, une cinquantaine de mes hommes étaient partis, sous la conduite du vieux trappeur, dans la direction de la colline. S’ils n’étaient pas arrivés à temps, les Indiens nous auraient probablement débarrassés des Mexicains ; mais, dans ce cas, nous aurions perdu nos chevaux.

Nous opérâmes notre descente à l’aide du lasso, et quand nous eûmes rejoint Ruben et que nous nous fûmes embrassés d’une étreinte vraiment fraternelle, nous remontâmes en selle. Moins d’une heure après, je prenais une délicieuse tasse de café sur ma ter-