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LE CHEVAL SAUVAGE.

rent une direction de biais. Nos hommes, qui pendant ce temps s’étaient rapprochés, imitèrent de leur côté cette manœuvre. Un instant après, ils étaient aux prises avec les sauvages.

La lune, qui ne projetait plus qu’une clarté mourante, s’ensevelit tout à coup dans les nuages. Garey et moi nous ne vîmes donc rien du combat ; mais nous entendions le choc des combattants, le cri de guerre des Peaux-Rouges, les clameurs de nos hommes, la fusillade, les décharges successives des révolvers, le cliquetis des sabres et des lances, les hennissements des chevaux, les lamentations des blessés. Nos angoisses ne durèrent pas plus d’un quart d’heure. Au bout de ce temps, le combat cessa. Quand la lune reparut, tout était retombé dans le silence. Sur la prairie gisaient pêle-mêle des hommes et des chevaux. Au loin, vers le sud, fuyaient les Mexicains. Un hourra triomphal nous annonça que la victoire était restée aux nôtres.

— Bill, es-tu là ? cria tout à coup une voix que nous reconnûmes.

— Me voici ! répondit Garey.

— Eh bien, que t’en semble ? Les Indiens ont reçu leur tripotée, quant aux Mexicains, ils ont mieux aimé ne pas l’attendre et ils ont détalé, les lâches.

C’était Ruben qui parlait.

L’engagement avait été même moins long que nous ne l’avions supposé. Des deux côtés l’impétuosité de l’attaque avait été telle que personne n’avait rechargé son arme après le premier coup de feu. Le cri de guerre des Indiens devait avoir semé l’épouvante parmi les Mexicains, car le sol était jonché de leurs mousquets et de leurs lances.

Mais, quoique de courte durée, le combat avait causé des pertes sérieuses aux Mexicains et aux Peaux--