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DIDEROT.


pleines d’esprit et qui le sèment à tout propos. Le pinson, l’alouette, la linotte, le serin, jasent et babillent tant que le jour dure. Le soleil couché, ils fourrent leur tête sous l’aile et les voilà endormis. C’est alors que le génie prend sa lampe et l’allume, et que l’oiseau solitaire, sauvage, inapprivoisable, brun et triste de plumage, ouvre son gosier, commence son chant, et rompt mélodieusement le silence et les ténèbres de la nuit. » Mais il ne suffit pas d’avoir reçu du ciel la divine étincelle : « Roslin, Suédois de naissance, pouvait être un peintre, mais il fallait venir de bonne heure dans Athènes ! » et, là-dessus, il découvre la théorie du milieu et l’établit en quatre coups de plume qui ne laissent rien d’essentiel à dire. Tout à l’heure, un mauvais tableau d’église le transportait de colère contre l’Inquisition. À l’autre bout de la salle, un autre tableau religieux ramène son souvenir aux processions de la Fête-Dieu, aux adorations de la Croix le vendredi saint, et la pompe des belles cérémonies remplit cet athée d’enthousiasme : « Je n’ai jamais vu cette longue file de prêtres en habits sacerdotaux, ces jeunes acolytes vêtus de leurs aubes blanches et jetant des fleurs devant le Saint-Sacrement, cette foule qui les précède et qui les suit dans un silence religieux ; tant d’hommes, le front prosterné contre la terre ; je n’ai jamais entendu ce chant grave et pathétique donné par les prêtres, et répondu affectueusement par une infinité de voix d’hommes, de femmes, de jeunes filles et d’enfants, sans que les