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histoire de la révolution russe

pire et par le tsar. Les députés n’étaient pas inviolables ; ils pouvaient être poursuivis pour leurs discours. Le tsar se réservait le droit de proroger la Douma et de la dissoudre ; en son absence, il pouvait promulguer des ordonnances ayant force de loi, quitte à les lui soumettre plus tard, à la placer devant le fait accompli. Le ministère n’était pas responsable devant la Douma ; interpellé par elle, il pouvait refuser de répondre ou faire défaut. La Douma ne votait qu’une partie du budget ; les sommes énormes absorbées par la Guerre, la Marine, les fonds secrets des chancelleries, la liste civile, etc., échappaient à son contrôle (au total, 700 millions de roubles). Enfin, le Gouvernement pouvait avoir recours à l’état de siège, qui suspendait toutes les lois fondamentales. En Pologne, à Pétersbourg et en d’autres villes, il en fut presque toujours ainsi depuis 1905. Ce n’était là, on en conviendra, qu’une caricature du régime constitutionnel.

Le corps appelé Sénat dirigeant, constitué par Pierre le Grand, est une Cour de cassation, une Haute Cour de justice, qui n’a d’un Sénat que le nom. La véritable Chambre haute (depuis 1906) est le Conseil d’Empire, institué par Alexandre Ier, dont la moitié des membres est élue par différents corps, le reste étant nommé par l’empereur. Il a fallu la crise nationale de 1916 pour que le Conseil d’Empire se mit d’accord sur des questions essentielles avec la Douma ; en général, il lui a fait contre-poids ou opposition.

Le Saint-Synode, créé en 1721, est préposé au gouvernement de l’Église russe orthodoxe. Le procurateur (laïc) représente le tsar, qui est à la fois chef de l’armée, de l’Église et du peuple ; il