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histoire de la révolution russe

préside un conseil comprenant des métropolitains et des évêques. Alors que les réformes de 1864 avaient aboli la procédure secrète, séparé les pouvoirs judiciaires et administratifs (du moins en théorie), la procédure secrète a été maintenue dans les tribunaux ecclésiastiques, chargés non seulement de juger le clergé, mais de prononcer dans les questions concernant les mariages et les divorces. L’église russe ne s’est jamais montrée à la hauteur de sa tâche ; elle n’a fait régner dans le pays qu’un christianisme superficiel de pompes et d’icônes, s’accommodant plutôt bien que mal, du haut en bas de la société, avec l’incrédulité libertine, l’esprit de secte et les superstitions les plus dégradantes. Les procurateurs ont été presque tous des serviteurs empressés de la réaction. L’un d’eux, Pobedonotszev, fut l’adversaire le plus résolu des réformes de Witte, qu’il accusait de rendre la Russie « nerveuse », de transformer les paysans en ouvriers socialistes, et le persécuteur infatigable des dissidents et des infidèles, en particulier des juifs dont il disait : « Un tiers se convertira ; un tiers émigrera et le reste peut mourir de faim. » Cette manière de voir avait l’approbation de Nicolas II, convaincu que l’essai de révolution de 1905 avait été l’œuvre des juifs. « C’est une calomnie, répondait l’un d’eux ; nous ne l’aurions pas conduite si mal. »


XI


Le vaste édifice de l’Empire repose surtout sur l’administration hiérarchisée ou bureaucratie, cons-