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histoire de la révolution russe

cours conciliant. Comme les Polonais, les autres nationalités de l’Empire avaient montré leur fidélité à la patrie ; la politique intérieure devait désormais être pénétrée de sentiments d’impartialité et de bienveillance, sans distinction de nationalité, de croyances ou d’origine. Les promesses impériales faites à la Pologne étaient confirmées. Le Gouvernement reconnaissait que l’administration de la guerre avait été débordée par les exigences de la situation et demandait lui-même la création d’un Comité de munitions, comprenant des délégués des zemstvos. Ce comité fut créé et présidé par Goutchkov, futur ministre de la Guerre en mars 1917.

Le 3 août, après la réélection de Rodzianko à la présidence, la Douma exprima par un vote la volonté de la nation de continuer la guerre jusqu’à la victoire. Des orateurs de l’opposition demandèrent la mise en jugement des officiers responsables du manque d’obus ; la même question fut traitée dans une séance secrète (le 10), à la suite de laquelle fut instituée une commission d’enquête présidée par le général Petrov.

La séance du 14 août fut extrêmement orageuse. Les orateurs libéraux dénoncèrent les brigandages de l’intendance, le refus systématique opposé par le Gouvernement aux bonnes volontés qui s’étaient offertes dès le début, l’emprisonnement des leaders ouvriers, la persécution des allogènes, notamment des juifs. Le cadet Adjemov rappela ces mots de Lloyd Georges (alors simple député) qu’en écrasant les troupes russes sous leurs obus les Allemands détruisaient les chaînes qui pesaient sur la société et sur le peuple. Tchkheidze dit que le Gouvernement avait fait de l’adminis-