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histoire de la révolution russe

tration des chemins de fer le règne du pillage, des pots-de-vin et de la concussion. Des révélations inquiétantes dénoncèrent la mainmise de l’Allemagne sur les banques et les industries russes ; ainsi la moitié des actions de l’usine Poutilof appartenait au groupe autrichien de Skoda, étroitement uni au groupe Krupp ; sous cette pression, l’usine avait congédié des ouvriers et réduit à cinq le nombre des heures de travail. « — Je peux citer des cas, dit encore le député Dourov, où l’armée a reçu de l’intendance du foin pourri. À plusieurs reprises, l’intendance a brûlé ses dépôts deux ou trois jours avant la retraite ; on dit dans l’armée qu’elle a voulu effacer ainsi la trace de ses méfaits. » Un membre d’extrême-droite, Pouriskévitch, rendit hommage à la fidélité de la Pologne et salua dans l’avenir la nation polonaise, autonome sous le sceptre du tsar. Une motion portant suppression de toutes les restrictions nationales et religieuses ne fut repoussée qu’à la majorité de dix-neuf voix.

À la fin du mois, des membres de la Douma et du Conseil d’Empire se réunirent afin de donner à la Russie un premier ministre énergique, à la place du somnolent Goremykine. Le congrès municipal de Moscou demanda qu’on mît aux affaires des hommes politiques connus, non d’obscurs bureaucrates. Une fois de plus, le pays se soulevait contre l’apathie et l’incapacité de l’administration.


XXV


On put croire un instant, au commencement de septembre 1915, que l’union était faite entre le tsar