Page:Reinach - Histoire de la Révolution russe.djvu/68

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
62
histoire de la révolution russe

de ne pas permettre que les destinées de la Russie fussent dirigées par des gens à la solde de l’Allemagne. Trois jours après, le président Rodzianko, insulté par un membre de l’extrême-droite, donna sa démission, mais fut réélu séance tenante par deux cent cinquante-cinq voix contre vingt-six ; le gouvernement français lui envoya, comme marque d’estime particulière, la plaque de grand-officier de la Légion d’honneur.

Au Conseil d’Empire, alors que Trepov exhortait les partis à la concorde, le prince A.-D. Galitzine (à distinguer du futur ministre) lui demanda : « Quelles garanties pouvez-vous nous offrir contre les forces ténébreuses de l’arrière qui, à la honte de la Russie, sont personnifiées par des hommes dont les noms ont été dénoncés avec fracas du haut de la tribune ? » Le Conseil vota une résolution demandant la coopération du Gouvernement avec les institutions libérales et la suppression des influences occultes et irresponsables (9 décembre). Ce vote du grand corps conservateur fut très commenté ; mais Protopopov et Raspoutine, qu’il visait directement, restèrent, l’un arc-boutant l’autre, tout puissants à la Cour.

Le 12 décembre, le chancelier allemand remit une note aux neutres, proposant d’ouvrir des négociations pour la paix. Deux jours après, une note officieuse russe, d’accord avec les chancelleries de l’Entente, dénonçait cette offre de paix sans base comme un piège. Pokrovsky, qui appartenait à l’administration des finances, fut nommé ministre des Affaires étrangères (14 décembre) et prononça presque aussitôt à la Douma un discours énergique, s’associant au refus des Alliés d’entamer des négociations dans le vide. Il renouvela ces