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histoire de la révolution russe

déclarations au Conseil d’Empire (19 décembre) et dit à des journalistes (le 26) que la Russie restait l’alliée fidèle de la Roumanie, que les deux pays ne formaient désormais qu’un seul front, tant politique que militaire (allusion probable au bruit que Stürmer avait proposé la Valachie à l’Autriche en échange d’une partie de la Galicie). Le même jour, une grande cérémonie en l’honneur de la France avait lieu à l’hôtel de ville de Pétrograd. Le 27, le tsar publia un manifeste : les Alliés n’entreront en pourparlers pour la paix qu’au moment convenable ; il faut d’abord que la Russie chasse l’envahisseur, constitue la Pologne libre, prenne Constantinople ; la tâche est immense et exige la coopération de toutes les forces du pays.

Ces déclarations pouvaient inspirer confiance, car le tsar et son ministre Pokrovsky étaient sincères ; mais les forces ténébreuses n’avaient pas désarmé et continuaient à menacer à la fois l’honneur et les libertés de la Russie.

Un congrès des comités des industries de guerre réuni à Moscou (22 décembre) s’éleva contre « un pouvoir irresponsable, mû et guidé par des agents mystérieux » et reprocha au gouvernement de paralyser les organisations qui venaient en aide aux soldats blessés, qui pourvoyaient au ravitaillement des troupes. Telle était, en effet, la politique de Protopopov, qui prétendit faire surveiller toutes les réunions par la police, ce que le congrès de Moscou n’accepta point. La Douma blâma l’interdiction du congrès des zemstvos et municipalités (26 décembre), en rappelant que le président du Conseil avait rendu hommage à leur action patriotique et que ces organisations étaient en pleine communauté d’idées avec la Douma.