Page:Reinach - Histoire de la Révolution russe.djvu/77

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
71
histoire de la révolution russe

zianko comprit, fort heureusement, que la Douma, sous peine d’être submergée et de voir triompher l’anarchie, devait prendre la direction du mouvement. « Ils l’ont voulu, dit-il ; que la Révolution s’accomplisse ! » On répondit aux soldats qu’il fallait tout d’abord en finir avec l’ancien Gouvernement, ne pas entrer en conflit avec le peuple. La Douma forma un Comité exécutif auquel fit pendant, presque aussitôt, une sorte de Comité de Salut public, élu à la hâte par les ouvriers et les soldats. Le prince Galitzine avait donné sa démission (11 mars) ; le pouvoir était donc vacant.

Au nom de la Douma, Rodzianko télégraphia au tsar que la situation était très grave, qu’il devait aviser sans délai ; il manda aux chefs militaires du front et aux amiraux qu’un Gouvernement provisoire était créé. Pendant ce temps, aidé par des soldats, les ouvriers prenaient l’arsenal des petites armes, les prisons, la forteresse Pierre-et-Paul, dont les occupants, n’en croyant pas leurs yeux, furent mis en liberté (12 mars). Le tribunal et la prison voisine sont incendiés ; la section contenant les archives de la police — perte irréparable pour l’histoire ! — flamba pendant trois jours. Les policiers sont à leur tour traqués et tués, leurs postes pris d’assaut et brûlés ; les officiers qui ne veulent pas s’associer à la révolte sont désarmés ou fusillés par leurs soldats.

Le 13, les combats dans les rues continuèrent ; des maisons, où s’étaient retranchés les policiers, furent prises d’assaut, leurs défenseurs massacrés. Les insurgés s’emparèrent de l’Amirauté ; le ministre de la Marine, abandonné de tous, fut fait prisonnier. L’école d’artillerie, le régiment des grenadiers de la garde, le régiment Préobrajenski