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histoire de la révolution russe

se rallièrent à la Révolution : Rodzianko les reçut sur le perron de la Douma et les harangua. Les anciens ministres, Galitzine, Stürmer, Stcheglovitov, Bark et beaucoup d’autres sont incarcérés dans quelques salles de la Douma ; Protopopov, plus mort que vif, se rend lui-même à Rodzianko. Soukhomlinov, aux arrêts depuis le mois de mars 1916, est conduit à la Douma ; les soldats veulent le massacrer, mais les députés les contiennent ; on se contente de lui arracher ses épaulettes. Les ambassadeurs de France et d’Angleterre se rendent au Pont des Chantres et sont acclamés sur leur chemin par la foule.

Le lendemain (14) le mouvement gagna Moscou, Kharkov, Odessa et d’autres villes ; il rencontra peu de résistance. Des troupes venant des environs de la capitale défilèrent dans les rues, aux applaudissements de la foule. Tout Pétrograd avait arboré le petit drapeau rouge, insigne de la liberté conquise. La Douma envoya deux députés à Cronstadt où, après quelques hésitations, les troupes s’étaient ralliées à l’insurrection.

Le samedi 17, une grande tempête de neige obligea les plus ardents à rester chez eux. Grâce à la trêve ainsi imposée par les éléments, Pétrograd put reprendre, le 18, son aspect accoutumé. Les journaux parurent de nouveau ; la situation alimentaire s’améliora lentement.

À cette date, le mouvement est conduit par la commission exécutive de la Douma, plus tard Gouvernement provisoire, et par un Comité dit de Tauride, parce qu’il siège au palais de ce nom, sous la présidence de Tchkheidze. Ce comité, très nombreux et bruyant, est formé de délégués nommés par les ouvriers (à raison de un pour cent) et par