Page:Reinach - Histoire de la Révolution russe.djvu/87

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
81
histoire de la révolution russe

feignirent de comprendre qu’ils étaient libérés du service et rentrèrent chez eux. Cet exode vers l’intérieur fut encore accru par le bruit, partout répandu, que les apanages impériaux allaient être partagés ; il s’agissait d’arriver à temps pour profiter de l’aubaine. Le gouvernement agit par persuasion, non par violence : il fit savoir que les soldats avaient jusqu’au 14 mai pour regagner leur dépôt ou leur poste de combat. Les paysans eux-mêmes reprochaient aux soldats d’avoir déserté ; un grand nombre revinrent spontanément.

Le Gouvernement et les généraux d’armées s’opposèrent résolument à la prétention des soldats d’élire eux-mêmes leurs chefs, comme cela se faisait dans la milice urbaine, qui remplaçait la police. En même temps, on s’efforça de rajeunir et de purifier les cadres ; on remplaça beaucoup d’officiers vieillis, incapables ou réactionnaires (plus de 70 généraux) ; quelques-uns, comme Rennenkampf, furent arrêtés. À la suite d’un sanglant échec subi par les Russes sur le Stokhod, deux généraux furent destitués.

Les grades devaient être désormais accessibles à tous, sans distinction d’origine ; trois cents israélites furent admis immédiatement à l’École militaire de Moscou.

La flotte de la Baltique, un moment désorganisée par l’indiscipline des équipages, fut ramenée à l’obéissance sans effusion de sang.


Voici l’éloquent appel que Plekhanov, proscrit revenu de Suisse, adressa le 22 avril à l’armée :

L’armée a aidé le peuple à accomplir la Révolution ; l’histoire n’oubliera jamais les grands services qu’elle a rendus ; mais il est indispensable que cette belle besogne