Page:Reinaud - Mémoire sur le Périple de la mer Érythrée.djvu/33

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bien, homme de bon sens, ou homme riche. On a vu que cette ville était encore debout dans les années qui suivirent le voyage de Hiouen-thsang dans la vallée de l’Indus, et que depuis longtemps elle était la capitale du pays. D’après cela, il est à peu près impossible que Hiouen-thsang n’en ait pas fait mention. Justement il y a une ville que Hiouen-thsang cite comme la capitale du royaume du Sind, qu’il met précisément à la même place que Bahman-abâd, et qui exerçait une suprématie sur le Béloutchistan. Voyons s’il y a moyen de faire coïncider la dénomination chinoise et la dénomination persane. Les autres conditions étant remplies, le problème se réduit à ceci : classer, d’après les organes de la voix, les diverses lettres qui entrent dans la composition des deux dénominations, et parvenir à les faire concorder l’une avec l’autre. On sait que tel a été l’art qui a fait la gloire de Jacob Grimm, d’Eugène Burnouf et de M. Bopp.

Ce qui fait surtout la difficulté, c’est que le voyageur chinois n’a accompagné la dénomination qu’il emploie d’aucune explication, et que la dénomination indigène ne s’est pas, jusqu’ici, rencontrée dans les livres sanscrits que nous connaissons. Il est donc impossible d’établir d’une manière précise la forme qui frappa les oreilles du voyageur.

La dénomination chinoise que j’identifie avec Bahman-abâd a été rendue, en 1836, par Abel Rémusat, Klaproth et Landresse de cette manière Pi-tchen-pho-pou-lo[1]. En 1853, M. Stanislas Julien, dans sa traduction de l’Histoire de la vie de Hiouen-thsang[2], écrivait ce mot Vidjanva-poura. Il l’a écrit, en 1858, dans sa traduction de la relation de Hiouen-thsang[3] Vitchava-poura. Enfin, dans sa Méthode pour déchiffrer et trans-

  1. Foe-koue-ki, p. 393.
  2. P. 444.
  3. T. II, p. 170.