Page:Reinaud - Mémoire sur le Périple de la mer Érythrée.djvu/53

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Par terre, alors que la navigation, à l’aide de la mousson, n’avait pas reçu son dernier développement, Barygaze recevait les marchandises de la Chine et des autres pays du nord de l’Asie ; soit que, se dirigeant du côté de l’Oxus, elles franchissent l’Hindoukousch et le Penjab, soit qu’elles vinssent à travers les gorges du Tibet, et qu’arrivées sur les bords du Gange elles traversassent l’intérieur de la presqu’île. On peut induire des témoignages sanscrits que cette dernière branche de commerce ne fut pas étrangère à la grande prospérité dont jouit longtemps Palibothra. Encore à présent elle fait l’importance de Patna, qui a pris la place de cette ancienne capitale[1].

Il est dit dans le Périple que les monnaies qui servaient pour le change à Barygaze étaient les anciennes monnaies frappées au coin des rois grecs de la Bactriane[2] ; ce n’est pas que les rois de Barygaze et les princes voisins n’eussent leur monnaie avec un coin propre au pays. Il existe maintenant à la fois, dans nos cabinets, des monnaies au type grec et au type indigène. Il a été, jusqu’ici, impossible d’assigner une place précise aux dernières. Certaines séries de ces médailles portent un nombre qui indiquait l’année de la frappe. Mais il a existé plusieurs ères différentes dans l’Inde, et nous sommes hors d’état de déterminer l’ère de la pièce. Les indications qui se trouvent ici serviront probablement à lever les incertitudes.

Au temps de Hiouen-thsang, l’empire de Barygaze était démembré. Barygaze, Oudjaiana et le Guzarate formaient autant d’États particuliers. La Syrastrène était toujours une pépinière de marins ; mais la province était une dépendance de ce qu’on nommait alors le royaume de Vallabhi[3]. La fondation de Sou-

  1. Voyez mon Mémoire sur l’Inde, p. III, et l’ouvrage de Walter Hamilton, intitulé The East-India gazetteer, t. II, au mot Patna.
  2. Page 293 du texte.
  3. Relation de Hiouen-thsang, t. II de la traduction française, p. 165.