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CHAPITRE CINQUIÈME

Réjouissez-vous avec nous des succès de nos armes ; écrivez-le en Prusse, parlez-en beaucoup, parlez-en toujours et criez avec moi : Viva l’Italia ! Viva l’armata piemontese ! »

Comme on le voit par cette lettre, l’enthousiasme était loin d’être refroidi. On ignorait encore à Mantoue que le blocus était resserré et que les troupes piémontaises cernaient de plus près la place. Un officier supérieur autrichien, dormant dans sa calèche, se trouva tout à coup au milieu des avant-postes de la division du duc de Savoie. Il eut en se réveillant la désagréable surprise de voir deux officiers monter dans sa voiture pour le conduire à l’état-major général où on s’empara de ses dépêches. Le lendemain, ce prisonnier étant malade, le roi le fit conduire à Acqui pour faire une cure. La même chose arriva le jour suivant à un autre officier qui fut arrêté comme le premier et qui dit à un officier piémontais : « Vous êtes plus heureux que nous ; nous ne pouvons faire un pas sans que vous en soyez informés, tandis que nous ne pouvons jamais rien savoir de ce que vous faites. — Que voulez-vous ? lui répondit-on ; nous sommes dans notre pays.» Les officiers piémontais plaisantèrent avec leurs prisonniers, disant qu’ils étaient eux-mêmes mal informés et que les Autrichiens avaient des espions partout.