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MES SOUVENIRS

Greppi ; les rues furent barricadées, toutes les issues du palais furent occupées et une députation fut introduite auprès du roi. Elle le supplia de défendre la ville, l’assurant que tous les habitants allaient se lever en armes pour combattre. Charles-Albert déchira alors le projet de capitulation et promit de s’ensevelir sous les murs de la ville avec son armée. Il parut au balcon pour répéter en présence du peuple son imprudente promesse.

Cependant les nouvelles qu’il recevait de l’armée ne tardèrent pas à lui démontrer de nouveau que la résistance était impossible.

À dix heures du soir, je fus appelé près de Charles-Albert, à qui j’exprimai tout mon regret de le voir renoncer à la défense de Milan. « Croyez, me répondit-il, qu’il m’est douloureusement pénible d’en venir à une telle extrémité, mais il m’est impossible de résister plus longtemps. Mes troupes sont découragées ; elles manquent de vivres. J’ai fait tout ce que j’ai pu ; maintenant la fortune m’abandonne ; je suis obligé de capituler devant la nombreuse armée de l’Autriche, mais l’avenir sera à nous ! »

Les généraux Lazzari et Rossi furent chargés de se rendre auprès du maréchal Radetzki. Le roi fit mettre des chevaux à ma disposition ; je les accom-