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CHAPITRE SIXIÈME

« Pourquoi pleurez-vous, mon ami ? Nous avons fait notre devoir en nous emparant de vous et vous avez fait hier le vôtre en vous battant comme un lion. Prenez courage, ajouta-t-il en le frappant doucement sur l’épaule ; vous retournerez bientôt dans votre famille, et, en attendant, vous n’aurez qu’à vous louer de mes officiers qui savent apprécier le courage malheureux. »

Le général Hess m’avait appris que le jeune de Boyl, fils de la marquise de Boyl, dame du palais de la reine de Sardaigne, qui passait pour mort, avait été fait prisonnier et avait été dirigé sur Vienne. Je m’empressai d’annoncer au palais Greppi cette bonne nouvelle au marquis d’Aglie, beau-frère de ce jeune officier qui est devenu plus tard un des meilleurs généraux de l’armée italienne. Rentré à Milan, le 5 août à 6 heures du matin, j’envoyai à Turin à la marquise de Boyl une dépêche télégraphique, ainsi conçue :

« Heureuse mère, votre fils est vivant. Il est prisonnier à Vienne. Je suis aussi le plus heureux de vos amis en vous annonçant cette bonne nouvelle. »

Le maréchal s’était engagé à épargner la ville, à la traiter favorablement, accordant douze heures de répit à ceux qui voudraient s’expatrier.