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MES SOUVENIRS

L’armée sarde devait remettre à 8 heures du matin la Porta Romana aux Autrichiens et se retirer sur le Tessin ; il était convenu que l’entrée des Autrichiens à Milan n’aurait pas lieu avant midi. Ces conditions étaient douloureuses, mais imposées par une impérieuse nécessité.

Pendant ce temps, des événements graves s’accomplissaient dans Milan. La ville était dans une extrême agitation. L’individu qui avait donné la première nouvelle de la capitulation avait été massacré par le peuple qui l’avait regardé comme un émissaire de l’Autriche. À quelques pas de moi, un homme désigné par la foule comme espion, sans aucune information, fut percé de coups de couteau et mis à mort. Comme j’étais en uniforme, je fus pris pour un officier piémontais et je fus entouré d’exaltés qui voulaient me faire un mauvais parti. Je les arrêtai, en leur disant : « Prenez-y garde ; je suis le chargé d’affaires de France. Voulez-vous avoir la guerre avec mon pays ? Je me rends au palais Greppi auprès du Roi. » Ils se calmèrent et me livrèrent passage.

Charles-Albert était bloqué au palais Greppi par une foule hostile. Toutes les autorités de la ville s’étaient enfuies et la garde nationale avait été dissoute par son propre commandant. Les voitures du roi furent renversées ; la caisse, ses bagages et ses