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MES SOUVENIRS

se produisit le plus douloureux exode. De la porte Vercelline à Trécate, sur une route de vingt-cinq milles, une multitude de tout âge, de tout sexe et de toutes conditions fuyait à la suite de l’armée sarde sous un soleil ardent. Presque tous étaient à pied. Ils préféraient au joug autrichien l’exil et toutes ses douleurs.

Le colonel Casati, envoyé par le roi à Radetzki, rapporta une seconde suspension d’armes de trois jours, à la condition de l’échange immédiat et en masse de tous les prisonniers. Il restait à arrêter les détails d’exécution de l’armistice. Le général Salasco, le général Rossi et le colonel Casati furent envoyés dans ce but à Milan. Le roi, établi à Vigevano, restait calme, mais son visage portait l’empreinte de ses souffrances. Il était à bout de forces physiquement et moralement : il passait son temps étendu sur son lit. Un des partisans de la guerre à outrance, le député démocrate Brofferio, arriva à Vigevano pour avoir un entretien avec lui. Les officiers, apprenant cette démarche, allèrent à son hôtel ; ils lui firent une scène si terrible, ils lui adressèrent des reproches si sanglants pour lui et son parti que le malheureux député s’enfuit sans voir le roi.

Le 10 août, les envoyés de Charles-Albert revin-