Page:Reiset - Mes souvenirs, tome 1.djvu/177

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
168
MES SOUVENIRS

Pie IX qui à ce moment plaçait tout son espoir dans la France, « sa seule ressource après la Providence, disait-il. Quand les Français qui passent par ici viennent me voir, cela prouve à ce peuple ingrat qui m’abandonne qu’il me reste quelques amis encore dans ce monde. »

Les Autrichiens avaient envahi la Romagne et, malgré les protestations du Pape, ils avaient tenté d’occuper Bologne : la population avait pris les armes et les avait repoussés. Cette invasion désolait Pie IX : « Ils ont voulu me compromettre, dit-il à M. de Bois-le-Comte, et cependant Dieu sait si j’ai jamais eu la pensée de leur sacrifier les intérêts de mon peuple. J’ai vu avec douleur qu’un parti extravagant les injuriait à chaque instant, en les flétrissant du nom de barbares et en étendant cette qualification aux Allemands qui constituent une nation aussi éclairée et aussi respectable que la nation italienne. On peut combattre un ennemi, mais on ne doit pas l’insulter, et moi à qui la religion ordonne de traiter tous les hommes et tous les peuples comme des frères, on a voulu que je partageasse ou que j’écoutasse ces sentiments contre une nation catholique qui n’a jamais fait de mal à mon peuple. Mon cœur répugnait à lui déclarer la guerre, non que je pensasse que la guerre