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CHAPITRE SEPTIÈME

fût interdite à un Pape ; comme souverain temporel il peut et doit la faire, mais dans des cas très graves seulement, et lorsque l’intérêt de son peuple compromis l’exige. Or, le peuple que Dieu m’a confié n’avait qu’un intérêt indirect dans la guerre. J’ai permis les enrôlements, les envois de volontaires, j’ai prescrit la défense du territoire, mais le parti qui veut à tout prix semer la discorde et qui, tout en compromettant le peuple par ses clameurs dans les journaux et à la tribune, se garde bien de servir lui-même la cause pour laquelle il plaide, ce parti a poussé d’une part les Autrichiens à la vengeance, de l’autre mon malheureux peuple à la résistance, et cette résistance, sans artillerie, sans armée, sans moyens de rendre la défense possible, va amener d’affreuses représailles. Mon cœur saigne en pensant que dans ce moment peut-être on bombarde Bologne, et que le sang coule sans que je puisse l’empêcher. Je n’espère plus que dans la France ; son respect pour la religion dans les dernières crises qu’elle a subies a été ma plus douce consolation. Elle a dans son sein des hommes sages, fermes et vraiment éclairés qui savent dominer les brouillons et conduire le peuple dans les voies que la Providence a tracées. Mais ici on ne sait que crier, clabauder dans les rues, dans les journaux, dans les assem-