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MES SOUVENIRS

accepter par le Pape et par le grand-duc de Toscane un premier projet de fédération donnant au Pape la présidence du gouvernement fédéral, lui attribuant un Trésor, des troupes et le droit de faire la paix ou la guerre, de régler les questions de douane, etc. L’ambition du gouvernement sarde ne s’accommodait pas d’institutions qui l’eussent relégué au second plan. Il prépara un contre-projet acceptant Rome comme siège de la fédération sous la présidence du Pape, mais laissant à chaque souverain le droit de paix ou de guerre et bornant les pouvoirs de la Diète aux questions de douane, de poste et autres du même genre, ne portant pas une atteinte directe à l’indépendance des États.

Malheureusement le mouvement italien n’avait pas encore produit un seul homme ou comme homme d’État, ou comme penseur. Tout ce qui avait apparu sur la scène politique, soit dans les cabinets et les assemblées, soit dans la presse, n’était pas sorti du cercle d’une médiocrité désespérante. Personne par conséquent n’était devenu populaire, pas plus dans le parti conservateur que dans le parti extrême. Gioberti seul l’avait été par ses antécédents ; et, quoique cette popularité se fût fort amoindrie à l’user, elle restait encore supérieure à toutes celles qui avaient voulu surgir.