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CHAPITRE SEPTIÈME

L’état de l’opinion était d’ailleurs d’accord avec les tendances qu’il représentait. Le général de la Marmora, commandant les forces piémontaises devant Plaisance, ayant été obligé d’entrer dans cette ville occupée par les Autrichiens pour le règlement de quelques affaires, la population s’empressa autour de lui et de son escorte, le fêta pendant qu’il était dans la ville et l’accompagna à son retour aux avant-postes sardes. Le général de la Marmora fut porté en triomphe aux cris de : Vivent les Piémontais ! Le comte de Thun, gouverneur autrichien, fit sur-le-champ publier les mesures les plus sévères : — Défense de circuler dans les rues et de s’y arrêter au nombre de plus de trois personnes, — interdiction de toutes paroles en public, — menace de mise en état de siège. Il écrivit en outre au général de la Marmora qu’il ne pourrait plus le recevoir à Plaisance, et que leurs communications auraient lieu désormais par écrit.

Dans une pareille situation la démission du ministère ne pouvait être que le prélude de la reprise des hostilités. Charles-Albert, impuissant à trouver aucun autre ministère conservateur et pacifique, devait fatalement se jeter dans les bras du parti de la guerre auquel il n’était que trop disposé à céder.