Page:Reiset - Mes souvenirs, tome 1.djvu/213

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
204
MES SOUVENIRS

qui restait au dépôt ne pouvait faire aucun service. Les services administratifs n’étaient pas organisés ; il n’existait aucun matériel de campement, pas même des couvertures. L’état-major et l’administration étaient constitués d’une manière déplorable. Les réserves n’avaient qu’un simulacre d’organisation.

L’armée fut massée sur le Tessin : trente mille hommes furent réunis entre Casal et Alexandrie. L’escadre fut envoyée devant Venise.

En même temps, le parti avancé l’emportait à Turin aux élections. Le comte de Revel, ministre des finances, était battu par M.  Radice, candidat de l’opposition la plus exaltée, et le ministère se voyait forcé de remplacer l’ambassadeur de Sardaigne à Paris, M.  de Brignole, suspect parce qu’il avait rempli les mêmes fonctions sous le ministère della Margherita.

La réunion des Chambres eut lieu dans ces conjonctures si critiques. Gioberti fut nommé président à l’unanimité : le candidat du ministère pour la vice-présidence l’emporta à la majorité d’une voix. Le discours de M.  Brofferio fut aussi impolitique que possible, agressif à l’égard du général Cavaignac, hostile pour la France et pour l’Angleterre. Ses paroles étaient applaudies avec fureur par le public des