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CHAPITRE ONZIÈME

emportée sur le champ de bataille de Novare. Se jetant aux genoux du roi, il le conjura, les larmes aux yeux, de lui permettre de le suivre, lui représentant qu’il lui était impossible de laisser partir son roi dans ce complet isolement ; que la pensée de cet isolement était trop douloureuse pour lui, trop offensante pour son pays.

« À cet élan Charles-Albert parut ému ; quelques sanglots entrecoupèrent les paroles d’affection et de reconnaissance qu’il adressa au chevalier de Robilant ; il hésita et lui promit, en l’embrassant, de lui écrire pour lui indiquer le lieu de sa retraite et l’y appeler peut-être un jour.

« Cependant personne ne se doutait que le départ du roi pût être aussi prochain ; après une journée de fatigue et de dangers, après les cruelle, émotions de la soirée, tous s’étaient retirés pour prendre un repos nécessaire. Mais une calèche basse, attelée de quatre chevaux de poste, attendait dans l’angle obscur d’une rue voisine. À une heure et demie la porte de la chambre qu’occupait le roi s’ouvrit avec précaution ; un valet de pied, sans livrée, précédait Charles-Albert ; il était couvert d’un vieux manteau de voyage, et ayant reconnu l’officier d’ordonnance qui veillait près de lui, il le salua de la main, lui ordonnant de ne pas le suivre : un courrier l’attendait au