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CHAPITRE ONZIÈME

mait pas. Il écrivait encore un mois avant de mourir :


Oporto, le 28 juin 1849.

« Vos sœurs ont été bien bonnes pour moi. Veuillez leur en exprimer toute ma gratitude. Elles ont de grandes et belles âmes et auront apprécié, j’ose m’en flatter, tout ce que je portais de sacrifice et de dévouement désintéressé à ma patrie.

« Vous me parlez de ce que vous appelez mon terrible régime. J’ai été forcé de le suspendre depuis un certain temps, venant de faire une grave maladie dont j’eus les premiers symptômes en Espagne, surtout à Vigo. Ce fut une inflammation d’intestins tellement violente que le plus fameux médecin d’Oporto, un docteur Assivé, ne voulut pas rester seul à faire ma cure et s’adjoignit un autre de ses confrères. Ils m’ont tiré d’affaire, mais je fus bien, bien mal. Pourtant je ne restai pas un seul jour sans me lever ; au lieu de mes bouillons d’huile et d’oignons, me voici au lait. Je suis encore excessivement faible, mais je gagne indéfiniment. Depuis la dernière lettre que je vous écrivis, j’ai changé de logement ; je suis maintenant établi dans une jolie campagne, aux portes de la ville, mais figurez-vous que j’ai dû la meubler entièrement. C’est un chevalier Bobone qui fut jadis notre consul à Lisbonne, où il s’est établi