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CHAPITRE DEUXIÈME

en elle la célèbre et charmante danseuse Carlotta Grisi, accompagnée d’une de ses amies. Je les conduisis sur la terrasse des Tuileries d’où l’on pouvait tout voir sans risquer d’être étouffé. Je rejoignis ensuite mon bataillon devant lequel passèrent à cheval Lamartine et Ledru-Rollin, venant de l’Hotel de Ville : ils furent accueillis par des vivats. Nous fûmes envoyés au Luxembourg où nous restâmes sous les armes toute la nuit.

Je partis le 24 mai pour Turin après avoir reçu les dernières instructions du ministère. Mme  de Lamartine me donna une lettre de recommandation pour une de ses amies qui habitait Turin, Mlle  Sophie de la Pierre. Je partis en malle-poste avec mon valet de chambre Auguste jusqu’à Chambéry. À partir de cette ville mon voyage devint plus difficile, la diligence n’allant que jusqu’à Saint-Jean de Maurienne. Je dus prendre une petite voiture et je passai le mont Cenis par un froid glacial.

J’étais attendu avec impatience par le chargé d’affaires de France, M. Bixio, qui brûlait du désir de quitter Turin pour occuper son siège à l’Assemblée nationale dont il était membre. Dès mon arrivée, il me présenta aux ministres sardes et à tout le corps diplomatique, m’annonçant son intention de partir le lendemain à quatre heures et demie du soir.